Un festival en France met en lumière le combat des femmes kurdes et le génocide du peuple kurde
Du 4 au 7 avril 2024, la 17ème édition du festival "Un
week-end avec elles" s'est tenue dans la région Occitanie, dans le sud de
la France. Cette année, le festival a souligné et honoré la lutte des femmes kurdes, et a mis en
lumière les génocides perpétrés contre les Kurdes.
Le sénateur français Rémi Féraud a indiqué dans un message
sur Facebook que le festival rendait hommage aux Kurdes en organisant une
soirée culturelle et une conférence « sur le sort des femmes dans les
persécutions et les génocides dont les Kurdes et les Yézidis ont été victimes
en Irak ».
M. Féraud prépare actuellement une proposition de loi visant
à reconnaître les atrocités commises par le groupe Etat islamique contre les
Yézidis en août 2014 comme un génocide.
Khanzad Ahmed, Secrétaire générale du Haut Conseil pour le
développement de la femme du Gouvernement régional du Kurdistan, et Chnar Saad
Abdullah, politicienne kurde de la Région du Kurdistan, ont également participé
à l'événement.
Nazand Begikhani, professeure à Sciences Po Paris et
secrétaire générale de l'Institut kurde de Paris, a présenté ses recherches sur
les génocides kurde et yézidi.
Dans un entretien avec le magazine français La Dépêche du
Midi publié le 1er avril, elle a affirmé qu’en plus des viols systématiques,
d'autres formes de violence sexuelle ont été pratiquées à l'encontre des femmes
kurdes, comme l'esclavage sexuel, la fécondation et la prostitution forcées.
« Ces actes sont catégorisés comme des crimes contre
l'humanité par la Cour pénale internationale, mais ce sont aussi des actes de
génocide : ils consistent en des opérations systématiques, intentionnelles et
bien planifiées visant à éliminer un groupe entier en raison de son identité
ethnique et religieuse », a-t-elle déclaré.
Par ailleurs, la journaliste française Béatrice Dillies a
parlé de son livre publié en 2023, « Un génocide oublié : la voix brisée
du peuple kurde ».
« J'ai publié un livre sur le génocide kurde en Irak
entre 1968 et 2018. Par conséquent, mes amis m'ont demandé de présenter mon
livre lors de ce festival et d'organiser un programme autour de ce thème, mais
aussi autour de la culture et de l'histoire kurdes », a déclaré Mme
Dillies à Kurdistan Chronicle.
« J’'ai été interviewée le 2 avril par la commission
sénatoriale chargée des minorités et des Kurdes au Moyen-Orient », a
déclaré M. Dillies. « Tous les sénateurs membres de la commission avaient
lu mon livre ».
Par ailleurs, Mme Dillies a ajouté que Zoubeyr Mahy,
président de l'Association franco-kurde d'Occitanie et co-organisateur du
festival, a acheté 1 000 livres pour en offrir un à tous les députés et
sénateurs français.
« Ce livre soutiendra l'argumentation du projet de loi
visant à reconnaitre le génocide yézidi, qui sera voté par le Parlement
français en juin ou juillet 2024, à l'occasion du 10ème anniversaire de cette
tragédie », a-t-elle déclaré.
Le génocide kurde par le régime irakien a commencé en 1963
avec l'arabisation des villages de Kirkouk, au moyen notamment de la
déportation et du massacre des Kurdes feyli. Il s'est poursuivi avec
l'assassinat de 8 000 hommes de la tribu des barzani en 1983, de l'utilisation
d'armes chimiques en 1988 à Halabja, et lors de la campagne Anfal.
À ce jour, seuls six pays ont partiellement reconnu le
génocide kurde. L'Irak l'a fait en 2010,
suivi par la Norvège, la Suède, l'Angleterre et la Corée du Sud les années
suivantes. En outre, le Parlement autrichien a reconnu le génocide de Halabja
en mars 2023.
« La France a mis 85 ans à reconnaître le génocide
arménien de 1915. J'espère que la reconnaissance du génocide kurde interviendra
beaucoup plus tôt », a conclu M. Dillies.
Ce festival est une initiative menée par l’Association Arpèges & Trémolos, et a pour vocation de donner plus de reconnaissance aux femmes.